"Jusqu’aux années 50, ce vallon couvert de maquis, traversé par la Voie Aurélienne (Grande Route d'Italie), appartenait en majorité à la famille Maro et possédait quelque part un four à cade, c’était le lieu dit : « le Four des Maro ». Ce vallon intéressait peu les bâtisseurs qui misaient surtout sur un développement de Fréjus vers la mer, c’était donc un morceau de colline sans grand intérêt. (*source : "Fréjus ville d’art et d’histoire", édité par l’office du tourisme - 2004) - (cf photos aériennes)
Le 3 décembre 1926, les époux MAUBERT (Cannes), vendent plus de 61 HA de pinède situés sur le lieu-dit "La Tour de Mare" (Fréjus), à M. GIACOLBI (Cannes). Ce dernier revend les terrains à la société PHAROS le 30 décembre 1926. Cette société est absorbée par la société FONCIA (Paris) en 1929. Celle-ci vend les parcelles à la société civile immobilière "La Tour de Mare" le 18/12/1951.
En février 1955, les co-fondateurs M. GENTYL et M. SALVIAT, de la SCI "La Tour de Mare" (fondée à Nice le 13/10/1951), cèdent leurs parts à Edmond ARRIEU (né en 1915), architecte à Nice et Joseph MARTIN (né en 1932), dessinateur-projeteur (*en rémunération de travaux impayés sur un immeuble à Nice). Edmond ARRIEU devient le gérant responsable de la SCI. Il a alors le projet ambitieux de créer un nouveau quartier dans la pinède : un lotissement et un centre commercial avec toutes les commodités pour créer un lieu de vie.
En 19 aout 1955, le lotissement est autorisé par arrêté préfectoral. Mais en février 1956, dans un courrier adressé au Préfet, le maire de Fréjus, Henri GIRAUD, émet quelques réserves sur le bien fondé de ce projet d'aménagement dans une zone si éloignée de la mer, et dénonce la publicité mensongère de "Cité Romaine de Tour de Mare", l'histoire de Fréjus ne fait pas état de cité romaine, ni de Tour ayant été construites par les romains, indique-t'il dans sa lettre. Il s'interroge aussi sur le logo de la SCI qui représente une tour, un bâteau et un lac et fait remarquer qu'il n'y a pas de lac dans le secteur...Le Maire exprime clairement sa méfiance au Préfet, et demande une enquête des services généraux sur les personnes composants la SCI.
Les travaux débutent, et dans un courrier d'août 1956 adressé au Préfet, Edmond ARRIEU liste les réalisations qu'il a déjà réalisées pour viabiliser le secteur : 1,5 km d'asphaltage depuis la route nationale 7, 7 km de routes donnant accès aux ilôts du lotissement), l'assainissement (pose de 2 digesteurs), l'électricité avec la construction d'un transformateur, l'adduction d'eau avec la réalisation d'un forage et d'un château d'eau , le débrouissaillage, l'aménagement paysager.
Mais le projet se heurte aux autorités compétentes qui émettent un avis défavorable aux permis de construire déposés en 1956 par la SCI : restaurant, centre commercial et groupe d'habitations. Il est demandé des études complémentaires concernant l'alimentation en eau potable qui est jugée insuffisante. S'engagent alors de longs échanges entre les services d'urbanisme et le lotisseur qui se démène pour trouver des solutions. Le projet patine, les mois passent. La vente des parcelles devient alors compliquée. Certaines édifications (sans permis) sont en attente de régularisation. Même si un accord est trouvé avec la Société des Eaux du sud-est (février 1957), toutes ces difficultés ont sans doute mis à mal la santé financière de la SCI, et les dettes s'accumulent. Les créanciers réagissent et le 23 octobre 1958, le domaine est mis en "vente aux enchères publiques sur saisie immobilière après incident et renvois" au tribunal civil de Draguignan. L'adjudication a lieu le 29 janvier 1959.